La peinture du Sacré Coeur de Jésus de Robert Félix Villé (Mézières 1819- Bourg-en-Bresse 1907) occupe une niche de la chapelle du Sacré-Cœur de l’église Saint-François-Xavier, à Paris dans le 7ème arrondissement.
Villé se forme à l’École des Beaux-arts de Paris puis en 1850, voyage vers Rome et Florence.
Le peintre qui se consacrera pendant toute sa carrière aux peintures religieuses, fait partie de la Société de Saint-Jean pour le développement de l’art chrétien fondée en 1839 par le père dominicain Henri-Dominique Lacordaire. Il rentrera en 1864 dans les Fraternités laïques dominicaines. Il signe d’ailleurs sa peinture F(rère) Félix Villé et en bas à gauche, rajoute « Orate pro pictore », un «Priez pour le peintre » très inhabituel qui signe sa dévotion religieuse.
L’œuvre, peinte vers 1892 selon sa notice nécrologique, représente le Sacré Cœur de Jésus : devant une assemblée de religieux, évêques dorés, franciscain, dominicains et dominicaines ou simple curé de paroisse, qui le prient et le supplient – on dit que ce sont tous de « vrais portraits » - le Christ en gloire, le cœur de lumière brillante tenu dans sa main, est perché sur un nuage. Nuage qui le sépare aussi de la réalité des personnages bien vivants sur terre.
Sur cette petite galette légèrement courbée et rebondie, il survole Paris : on voit dans la brume au loin sur la butte Montmartre le dôme de la Basilique du Sacré-Cœur en construction depuis 1875.
Si cette peinture est bien du XIXe siècle, se devine dans la composition et les couleurs l’influence des peintres qu’il a pu voir à Florence. De Fra Angelico au Couvent de San Marco, on retrouve les couleurs et le Christ auréolé de La Transfiguration, fresque peinte vers 1435 dans les cellules du couvent dominicain. Se devine aussi la composition du Christ de L’Ascension dans le volet gauche du triptyque qu’Andrea Mantegna peint vers 1461 pour la chapelle du palais du duc de Mantoue (Musée des Offices, Florence). Le Christ, entouré de chérubins rouges et adoré par ses disciples, y est perché sur un petit nuage frisé, «ascenseur» vers le Ciel auquel il appartient et où il emmène le Christ.
Il est vrai que l’œuvre de Villé n’est pas une œuvre majeure mais on ne peut s’empêcher de la regarder avec amitié si l'on est familier des peintures du Quattrocento.
Son nuage-galette est vraiment très étonnant !
Martine Sadion
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